Nombreux sont les sociologues à affirmer que les enfants issus des foyers les plus modestes ont une alimentation moins équilibrée et consomment davantage de malbouffe que les plus aisés. Car le bien manger s’apprend et coûte cher. La sociologue Priya Fielding-Sing n’est pas tout à fait de cet avis : les plaisirs trop sucrés, ou trop salés, permettraient avant tout aux parents de laisser de côté, le temps du goûter seulement, les privations quotidiennes. La malbouffe pour oublier la misère ?
La remise en question de l’éducation nutritionnelle
L’éducation nutritionnelle, c’est « l’ensemble des activités de communication visant la modification volontaire des pratiques qui ont une incidence sur l’état nutritionnel de la population, dans la perspective d’une amélioration de celui-ci » nous dit la FAO. Elle est possible grâce à plusieurs acteurs : le milieu familial dans un premier temps, le milieu scolaire ensuite, puis lors de l’élargissement du cercle relationnel, le milieu amical ou professionnel. L’éducation nutritionnelle est quotidienne et perpétuelle, mais c’est avec les parents que tout commence. Or, il est aujourd’hui presque communément admis que les classes sociales les plus aisées sont davantage informées que celles du bas de l’échelle sociale et qu’elles reproduisent et transmettent leurs propres habitudes nutritionnelles. Les clivages s’amplifient de génération en génération, les habitudes alimentaires reflètent chaque jour davantage les inégalités sociales et l’hérédité sociale se faufile jusqu’en cuisine.